En tant que psychologue, il est de plus en plus courant de recevoir des patients, enfants ou adultes, présentant un profil atypique mêlant des traits de trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) et des caractéristiques de haut potentiel intellectuel (HPI). Ces deux notions, bien qu’apparemment opposées, coexistent souvent, suscitant de nombreuses questions tant chez les patients que dans le domaine scientifique. Cet article vise à explorer le lien entre le TDAH et le HPI pour mieux comprendre ce qui les rapproche et comment accompagner ces profils complexes.
Qu’est-ce que le TDAH et le HPI ?
- Le TDAH (Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité) : Il s’agit d’un trouble neurodéveloppemental caractérisé par une inattention, une hyperactivité et/ou une impulsivité, souvent repérées dès l’enfance. Ces manifestations peuvent interférer avec la vie quotidienne, scolaire, professionnelle et sociale.
- Le HPI (Haut Potentiel Intellectuel) : Il désigne un fonctionnement intellectuel supérieur à la moyenne, généralement évalué par un quotient intellectuel (QI) supérieur à 130. Les individus HPI se distinguent par une grande curiosité, une pensée en arborescence, une créativité marquée et une sensibilité émotionnelle accrue.
TDAH et HPI : Deux profils qui se croisent
Bien que distincts, TDAH et HPI peuvent coexister chez une même personne. On parle alors de “double exceptionnalité”. Cette cooccurrence n’est pas rare et peut donner lieu à des situations complexes à diagnostiquer et à traiter.
Points communs entre TDAH et HPI
- Une pensée rapide et foisonnante : Les deux profils partagent une tendance à avoir des idées multiples et rapides, rendant la concentration difficile.
- Une hypersensibilité émotionnelle : Les émotions sont souvent vécues de manière intense, avec une difficulté à les réguler.
- Des besoins stimulants : Qu’il s’agisse de curiosité intellectuelle pour les HPI ou de recherche de nouveautés pour les TDAH, les deux ont besoin de stimulation constante.
- Une inadaptation au cadre scolaire ou professionnel classique : Ces profils souffrent souvent dans des environnements rigides, perçus comme inadaptés à leurs besoins.
Différences à prendre en compte
- Origine des difficultés attentionnelles : Chez le HPI, les problèmes de concentration sont souvent liés à l’ennui ou à un manque de défi. Chez les TDAH, ils sont liés à une dysrégulation neurologique.
- Capacité d’autorégulation : Les individus HPI, même en difficulté, peuvent parfois compenser leurs faiblesses grâce à leur intelligence, ce qui est plus difficile pour les TDAH.
Les Défis du Diagnostic
Le chevauchement des symptômes rend parfois le diagnostic complexe. Il arrive que le TDAH masque les caractéristiques de HPI, ou inversement, que le HPI soit surévalué en raison d’une impulsivité et d’une hyperactivité caractéristiques du TDAH.
Un diagnostic précis repose sur une évaluation complète, incluant :
- Des entretiens cliniques approfondis ;
- Des questionnaires adaptés aux parents, enseignants ou proches ;
- Des tests psychométriques pour évaluer le fonctionnement intellectuel et émotionnel ;
- Une analyse des environnements de vie (école, travail, maison).
Comment Accompagner ces Profils ?
- Une prise en charge individualisée : Chaque personne est unique, et il est crucial d’adapter les interventions thérapeutiques aux besoins spécifiques du patient.
- Un soutien multidisciplinaire : Une collaboration entre psychologues, neuropsychologues, médecins, enseignants et parents est souvent nécessaire.
- Valoriser les forces : Qu’il s’agisse de la créativité, de l’intelligence ou de la capacité à penser différemment, mettre en avant les points forts aide à renforcer l’estime de soi.
- Des stratégies adaptées :
- Techniques de gestion de l’attention et de l’impulsivité (TCC, méditation de pleine conscience) ;
- Organisation des tâches pour compenser les difficultés d’exécution ;
- Propositions éducatives enrichies pour stimuler l’intellect des HPI.
Conclusion : De la Complexité à la Richesse
Le lien entre TDAH et HPI illustre toute la richesse et la complexité des profils neuroatypiques. Comprendre cette double exceptionnalité ne consiste pas seulement à poser un diagnostic, mais aussi à reconnaître les forces, les faiblesses et les besoins spécifiques de chaque individu. En tant que psychologue, il est essentiel d’offrir un espace d’écoute et des outils adaptés pour que ces personnes puissent s’épanouir pleinement.